Face à la forte augmentation des procédures collectives touchant les entreprises savoyardes en 2023, Denis Loeper, président du tribunal de commerce de Chambéry, mise sur la résilience des chefs d’entreprise pour surmonter les prochains défis de cette année. Fort de près de 40 ans d’expérience en tant qu’expert-comptable et commissaire aux comptes, ce dernier souhaite soutenir les entrepreneurs locaux en faisant de la prévention son fer de lance.
Quel bilan des défaillances d’entreprises dresse le tribunal de commerce de Chambéry ?
des procédures collectives, avec 514 ouvertures en 2023, marquant ainsi une hausse de 40 %. Parmi celles-ci, les redressements judiciaires ont augmenté de plus de 90 % et les liquidations de plus de 52 %. Les secteurs les plus impactés sont la restauration, les métiers du second
œuvre et le bâtiment, bien que l’immobilier de luxe en montagne reste dynamique.
Quelles solutions propose le tribunal aux entrepreneurs ?
Le tribunal de commerce est avant tout à l’écoute et au service des entreprises. Notre fonction première n’est pas de liquider des sociétés, mais de maintenir autant que possible le tissu social et économique du département. Pour ce faire, nous proposons des procédures amiables permettant de traiter les difficultés financières en amont. Lors de permanences hebdomadaires, les dirigeants peuvent obtenir des solutions adaptées à leur situation. En résumé, ils obtiennent généralement des moratoires de paiement afin de donner aux entreprises une bouffée d’oxygène en matière de trésorerie, pour rebondir et se redresser. Le tout de manière confidentielle. Ces mesures préventives, bien que peu connues, se révèlent très efficaces. Les procédures amiables sont passées de 13 en 2022 à 27 en 2023, sauvant déjà environ 500 emplois et bénéficiant à 1 093 salariés.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans ces procédures ?
Pour réussir ces formalités, il est crucial que les dirigeants agissent rapidement. Une trésorerie asséchée rend l’intervention amiable impossible. Il est crucial d’anticiper les difficultés pour pouvoir réagir à temps. Bien que le tribunal puisse offrir des outils de redressement, la responsabilité
de la prise de décision revient à l’entrepreneur. C’est à lui d’agir.
Quel rôle occupe l’expert-comptable dans ces procédures ?
Les experts-comptables sont des acteurs essentiels. On s’appuie énormément sur eux lors de l’ouverture et du suivi des procédures. Ils nous fournissent les données financières nécessaires pour élaborer des plans de redressement. Cependant, ils sont souvent les premiers à ne
pas être payés en cas de difficultés. Si je devais formuler une demande à leur intention, ce serait de poursuivre ou de ne pas cesser trop rapidement leur soutien aux entreprises en difficulté, car leur contribution est vitale pour que l’on prenne des décisions éclairées.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Malgré une conjoncture difficile, les chefs d’entreprise font preuve d’une résilience admirable. Leur capacité à s’adapter, leur courage et leur ténacité sont des atouts majeurs et ils réussiront à relever ces défis. »