Lancé il y a un peu plus d’un an en Auvergne-Rhône-Alpes, le label Écoles de la profession ne cesse d’agrandir sa communauté. Au point d’obtenir aujourd’hui un maillage territorial important et en constante évolution, fort de 12 écoles labellisées. D’abord présenté aux établissements privés de la région, le label de l’Ordre des experts-comptables s’ouvre dorénavant au secteur public.
L’Icof, un établissement privé installé depuis plus de 100 ans à Lyon, en grande partie consacré aux formations de comptabilité et gestion, fut
notamment l’un des premiers adhérents. Bertrand Eygun, chef de l’établissement, revient sur ce partenariat.
Pourquoi avez-vous adhéré à ce label ?
« Nous avons décidé de rejoindre le label Écoles de la profession, tout en lançant notre bachelor RMEC qui vise, comme le label, à combler le manque de talents dans les cabinets en élargissant le bassin de candidats potentiels pour les postes de cadres intermédiaires. Ce partenariat est une reconnaissance et un moyen de renforcer les liens entre la formation et la profession. Il était important pour nous d’entendre les normes et les attentes de l’Ordre.
Créer et consolider les liens entre nos formations et la profession
Bertrand Eygun
Quelles sont les nouvelles attentes de vos étudiants ? Comment le label peut-il y répondre ?
Ce qu’ils désirent par-dessus tout, c’est un accueil de qualité au sein des cabinets, ainsi qu’une vie professionnelle en phase avec leur vision du travail. C’est-à-dire une organisation flexible, des horaires adaptés et des missions variées. Aujourd’hui, lorsqu’un nouveau diplômé intègre un cabinet, ce n’est pas le dirigeant qui l’embauche, mais le jeune qui le choisit. C’est une réalité que les cabinets, désireux de recruter des collaborateurs, doivent intégrer en offrant plus de liberté d’action. Quant aux attentes en matière de formation, les étudiants sont intéressés par les nouvelles dimensions du métier. Toutefois, le contenu académique évolue très lentement…
Peut-être qu’il manque une adaptation du programme aux questions de RSE, facture électronique, durabilité, etc. Dans cette optique, le label et le lien qu’il tisse entre l’enseignement et la réalité des cabinets constituent un moyen de mieux connecter les jeunes aux nouveaux enjeux de la profession. Ensuite, nous espérons qu’ils seront véritablement formés à ces nouveautés, une fois en cabinet.
Comment se portent vos filières du chiffre ? En quoi le label est-il un atout face à la désaffection des formations ?
Nous ne sommes pas à plaindre. Nous devons avoisiner les 130 apprenants, allant des terminales aux étudiants en DSCG, en passant par le BTS
et le DCG. Pour autant, il est évident qu’il existe un ralentissement. Le discours de la jeunes. Il existe aussi des tendances sociales profondes marquées par un manque de motivation des nouvelles générations à suivre ces cursus, en raison de l’exigence, des contraintes légales et juridiques, et des normes associées à la profession. En ce sens, le label promeut et dynamise l’image des cursus en comptabilité-gestion. C’est une sécurité, il garantit aux usagers extérieurs que notre établissement collabore avec une institution reconnue et que nos formations débouchent sur des métiers aux fortes perspectives de carrière.
Désormais étendu au secteur public, le label Écoles de la profession intéresse de nombreux établissements de la région. Parmi eux, le lycée La Martinière Duchère, institut de formation historique de Lyon, s’apprête à le rejoindre. Marie Teste, coordinatrice des cursus DCG et DSCG, témoigne de ce rapprochement en passe d’aboutir.
Garantir l’employabilité de nos étudiants en cabinet.
Marie Teste
Quelles sont vos attentes à l’égard de ce label ?
« Les formations dans les métiers du chiffre prennent tout leur sens lorsqu’elles s’intègrent étroitement à leur milieu professionnel. Nous aspirons donc à ce que les cabinets accueillent chaleureusement et en nombre nos étudiants en stage, et que les professionnels qui collaborent avec nos alternants deviennent par la suite leurs employeurs. Cette collaboration serait un moyen d’améliorer l’attractivité de nos filières auprès des nouvelles générations, surtout chez les lycéens qui ne connaissent pas ces cursus, mais également auprès des étudiants en formation, afin qu’ils poursuivent leurs parcours jusqu’aux métiers en cabinet.
Quelles actions dispensées par le label Écoles de la profession vous incitent à y adhérer ?
Nous sommes intéressés par l’idée que ce label peut relier nos formations aux pratiques réelles des cabinets, où l’Ordre jouerait un rôle crucial dans la transmission d’informations. Contribuer à l’accompagnement professionnel des enseignants, organiser des rencontres pour sensibiliser les étudiants aux nouvelles dispositions, aux missions novatrices et aux enjeux liés à l’avenir de la profession serait une façon d’adapter et de compléter nos enseignements pour répondre aux nouveaux besoins du métier.
Face aux défis de RSE, de reporting, de durabilité et aux préoccupations émergentes, nous faisons déjà intervenir des professionnels pour échanger sur ces sujets. En cela, le label offrirait un cadre pour pérenniser cette transmission du savoir. Les jeunes cherchent également des témoignages diversifiés pour mieux appréhender la réalité du métier et comprendre comment ils peuvent envisager leur future carrière. Un autre enjeu du label Écoles de la profession serait alors de rendre les métiers en cabinet attrayants, étant donné qu’une partie des étudiants aspirent à exercer en entreprise.