Alors que l’intelligence artificielle se développe à grande vitesse, son intégration au sein des cabinets d’expertise comptable questionne. À ce titre, Romain Froment et Christelle Choque, respectivement experts-comptables et commissaires aux comptes dans le Var et dans les Hauts-de-France, témoignent de cette nouvelle technologie qui fait débat.
L’intelligence artificielle (IA) est souvent associée à la disparition des métiers du chiffre. Qu’en pense la profession ?
Christelle Choque : « Plusieurs confrères craignent la digitalisation de la profession et beaucoup ne connaissent pas encore les IA. Il faut les rassurer. Nos métiers ne disparaîtront pas, ils évolueront. Notre quotidien sera davantage consacré à l’accompagnement du client dans le pilotage de son entreprise qu’aux tâches liées aux obligations fiscales et légales. Il faut saisir cette opportunité pour développer ces nouvelles missions.
Romain Froment: On ressent les IA, à la fois comme une menace et une opportunité. Si nous restons passifs, ce sera un tsunami pour la profession. Si on agit de manière proactive, nous pourrons en faire un atout pour diversifier et solidifier le métier.
Quels avantages auraient les cabinets à utiliser des IA ?
C.C. : L’IA automatiserait les missions de traitement des flux, l’analyse de santé financière de l’entreprise et les analyses comparatives, pour prioriser notre temps à l’accompagnement du pilotage des sociétés. On gagnerait aussi en productivité, en efficacité et en réactivité. Pour ma part,
je l’utilise notamment comme un super assistant afin de gagner du temps dans mes missions de communication ou dans la programmation informatique. R.F.: Des outils d’IA comme la reconnaissance de caractères peuvent accélérer le traitement des factures, tandis que des générateurs d’IA comme ChatGPT peuvent être utilisés pour des tâches d’imagerie ou d’écriture. Pour ma part, tout ce que je voulais automatiser sur Excel
est devenu possible, comme coder en VBA une macro. Cette technologie permet de décupler nos capacités, à condition de se poser les bonnes questions. Qu’est-ce qui me fait perdre du temps ? Comment automatiser les missions manuelles ?
Et les risques ?
C.C. : Il faut être prudent avec les données utilisées. Je recommande de favoriser leur anonymat puisque l’expert-comptable manipule des données très confidentielles. Je déconseille aussi de connecter une IA à la data des utilisateurs. Aussi, il faut accompagner les collaborateurs dans la pratique pour veiller au respect des normes applicables à notre profession et de la réglementation relative au traitement de la donnée (RGPD).
R.F.: Il ne faut pas dépenser trop d’argent dans des cas d’usage qui n’ont pas été bien décelés et détectés. Il est impératif de bien déterminer ses besoins et de choisir les IA qui y répondent le mieux. Et pour le savoir, il faut utiliser ces outils presque quotidiennement. Un des nouveaux éditeurs sur le marché dévoilera notamment dans les prochains jours son IA chatbot intégré à sa plateforme. »