/

Faire bouger les lignes

Il est la cinquième génération à la tête de la boulangerie familiale historiquement implantée à Bourg-de-Péage dans la Drôme. À tout juste 30 ans, Antoine Pascalis reprend le flambeau derrière son père, en 2021. Il compose entre l’héritage familial et sa soif de développement. Une organisation revue, des équipes formées, l’ouverture de nouveaux points de vente : il teste des concepts et écoute ses pairs chefs d’entreprise pour accompagner son ambition de croissance.

« Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui. » Cette devise est inscrite depuis des décennies sur le frontispice de la boulangerie historique de Bourg-de-Péage. « Je la vois tous les jours. Mon père me l’a léguée… Voilà 132 ans que nous composons avec ce que nous avons. » Antoine Pascalis est à la tête de la PME depuis début 2022. Officiellement. « Nous avons signé au bas du contrat le 23 décembre 2021… » Mais il est revenu en terres drômoises quelques mois auparavant. « Je suis né au-dessus de la boulangerie, s’amuse-t-il. J’ai enfilé mon premier tablier à sept ans. Je voulais devenir boulanger. »

Il passe ses vacances avec de la farine sur le bout du nez mais ses parents l’engagent à aller jusqu’au bac. A.P. poursuivra ses études jusqu’à obtenir un master en finances à l’iaelyon. Il quitte sa Drôme, sera même un temps banquier d’affaires, et évolue dans des start-up. « J’avais trois passions: le commerce, l’entrepreneuriat et la gastronomie. J’envisageais de créer ou de reprendre une entreprise dans la food dans la Drôme. » Son père réfléchissait à l’avenir de l’entreprise. Avant de tout quitter, Antoine Pascalis fait les allers-retours Paris – Bourg-de-Péage, deux fois par mois, pour remettre son tablier.

Le potentiel de l’entreprise

La voie n’est pas toute tracée. Il faut composer avec le passé, la figure paternelle, les frères et sœurs, les salariés, dont certains l’ont vu naître, et ses envies. « Être en production les weekends m’a fait prendre conscience du potentiel de l’entreprise, raconte-t-il. Pendant un an et demi, j’ai été peu décisionnaire mais j’échangeais beaucoup avec mon père. Une fois à la tête de l’entreprise, j’ai tout de suite enfilé le costume de dirigeant pour montrer à mes salariés que j’avais une responsabilité envers eux. »

Le jeune dirigeant active alors tous les leviers. Il écoute ses pairs, notamment via le Réseau Entreprendre Drôme-Ardèche dont il sera lauréat. Il se forme à l’École internationale de la boulangerie pour fabriquer du pain bio au levain. « Ça m’a plu ! J’ai rencontré d’autres dirigeants dans la boulangerie pour appréhender d’autres organisations. » Car si l’héritage est un actif sur lequel Antoine Pascalis entend bien capitaliser, il veut aussi faire bouger les lignes. « On ne reprend pas une entreprise pour la laisser comme elle est… »

Insuffler une nouvelle dynamique

Ouvertures de boutiques, organisation interne, management… il insuffle une nouvelle dynamique au spécialiste de la pogne. Outre le siège
à Bourg-de-Péage et les boutiques existantes de Romans-sur-Isère et Tain-l’Hermitage, il ouvre des points de vente à Valence en 2022, Chanos-Curson en juin 2024 et, courant septembre 2024, une autre boutique à Bourg-de-Péage. « Ces deux dernières boutiques ont été conçues pour produire partiellement les gammes snacking et pâtisserie, ce sont des organisations différentes pour nos équipes », assure Antoine Pascalis
qui veut que chaque salarié, désormais au nombre de 45, s’épanouisse dans son travail.

L’homme reste au cœur du dispositif. « Les équipes de production ont été consultées pour les deux nouveaux points de vente. Le management intermédiaire a été formé sur les sujets transversaux. Nous expérimentons de nouvelles méthodes de travail, énonce-t-il. La semaine de quatre jours reste compliquée pour des salariés debout toute la journée. Mais nous avons essayé. Nous attirons des étudiants pour les week-ends, là où nous avons le plus de difficultés de recrutement. Et ça marche, des jeunes hyper motivés nous ont rejoints. » Expérimenter, anticiper, écouter… voilà ce qui guide Antoine Pascalis dans la croissance de son entreprise.

Mon expert-comptable

« Je n’ai pas conservé le partenaire historique de mes parents. J’avais beaucoup de questions et besoin d’une approche nouvelle. Après une expérience malheureuse avec un cabinet lié à un manque de réactivité, j’ai enfin trouvé mon partenaire, un expert-comptable qui est un homme d’engagement. Il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. J’ai besoin de conseils, d’un réel suivi, d’être alerté, qu’il soit un garde-fou. En pleine croissance, je veux être accompagné, pas juste sur un bilan une fois par an, mais bien pour soutenir le développement de mon entreprise. »