Entrepreneur chevronné, autodidacte assumé et fervent défenseur de la verticalité, Didier Caudard-Breille figure parmi les dirigeants les plus influents de la scène lyonnaise. À la tête du Groupe DCB International et d’un empire de 90 sociétés, ce promoteur immobilier façonne depuis plus de deux décennies les contours de sa ville. Loin de lever le pied, il continue à 68 ans de viser les sommets avec des ambitions aussi vastes que l’horizon de ses gratte-ciel.
Il a enchaîné les petits boulots et vécu son lot de galères. Vendeur de motos d’occasion, d’Algeco, de bérets basques ou encore d’accessoires de mode féminine, Didier Caudard-Breille a touché à tout. Jusqu’à s’essayer au porte à-porte « en restant près d’une heure devant la porte d’entrée de mon premier client avant d’oser sonner ». Et puis un jour, il a trouvé sa vraie passion en arrivant, « un peu par hasard », dans le secteur de l’immobilier. « Plus jeune, je ne pensais pas exercer cette activité. J’ai débuté en tant qu’agent immobilier. Et je n’ai d’ailleurs jamais travaillé chez un promoteur », se remémore-t-il.
Après cette première expérience, le lancement du Mipim Asia et America (grand marché international des professionnels de l’immobilier), des voyages d’affaires aux quatre coins du monde et un dépôt de bilan, il revient à Lyon avec l’ambition de « faire du conseil ». Soutenu par sa femme, il fonde en 1999 son entreprise qu’il baptise de ses initiales. Entre-temps, il achète plusieurs terrains délaissés. Des acquisitions qui s’avèrent, quelques aménagements urbains plus tard, d’excellents placements fonciers, débouchant sur des constructions phares dans la métropole lyonnaise. Depuis, le Groupe DCB International compte à son actif de nombreuses opérations symboliques : Linux (siège mondial de Blédina), Adely (siège français d’Adecco), Epsilon (siège régional d’Alstom), etc. Au point qu’en 2023, la holding enregistrait quelque 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, 350 000 m2 de volume de bureaux et d’entrepôts logistiques, ainsi que 110 collaborateurs.
Faire preuve de résilience
Pour autant, cette ascension n’a pas été sans turbulences. La pandémie, suivie par la généralisation du télétravail – « qui a amputé 25 % des besoins en surfaces de bureaux » –, a durement touché l’activité du promoteur. Puis, la guerre en Ukraine est venue plomber un peu plus l’économie française. « Aujourd’hui, l’immobilier est dans une crise dramatique, entre la flambée des taux et un monde qui a changé en six mois. Alors que dans notre secteur, nous planifions nos actions sur deux ou trois ans. » Résultat : des projets devenus invendables et un besoin urgent de se réinventer. Didier Caudard-Breille a donc joué sa partition. « Anticiper les signaux pour se mettre en ordre de marche et faire le dos rond. Écouter son entourage, qui est essentiel à la pérennité de l’entreprise. Et surtout, s’adapter ! »
Innover, encore et encore
Imaginer les gratte-ciel écolos de demain. Miser sur la logistique. Acquérir – en bon « vrai gone » – 60 000 m2 à Saint-Étienne. Investir dans des locaux de coworking pour les petites entreprises (site du Bel Air Camp). Recomposer les bureaux en phase avec les nouveaux modes de travail : plus durables, collaboratifs et confortables. Pour l’entrepreneur lyonnais, innover, représente toutes ces opportunités à saisir. La dernière en date ? L’immeuble M+, niché au coeur du quartier Part-Dieu. Un projet de 30 000 m², soutenu par le géant BlackRock, combinant commerces, bureaux et logements. « Ce sera ma plus grande fierté », confie ce petit-fils d’industriel du textile viennois, bien décidé à prendre sa revanche sur les déroutes familiales. « J’ai commencé à acheter mes premiers lots dans cet ensemble, il y a plus de 20 ans. Aujourd’hui, après une quarantaine de transactions, tout est réuni pour donner vie à ce projet. » Et malgré une conjoncture 2025 qu’il anticipe difficile, l’entrepreneur lyonnais laisse entrevoir un ultime projet d’envergure. Puisqu’il l’assure, « je n’ai jamais été aussi actif de ma vie qu’en ce moment ».
Mon expert-comptable
« Au fil de ma carrière, j’ai eu la chance de collaborer avec trois professionnels du chiffre à des étapes clés de la vie de mon entreprise. Dès la création, mon premier expert-comptable m’a offert bien plus qu’une analyse chiffrée : il m’a transmis une véritable confiance en moi. Un atout inestimable qui dépasse de loin les tableaux financiers. Le second, qui fut également mon professeur de comptabilité, m’a accompagné lors du développement de ma société. Ensemble, nous avons rapidement bâti une relation de confiance forte. Enfin, un commissaire aux comptes m’a aidé à structurer ma pensée, en apportant une rigueur et une clarté nouvelles à ma vision entrepreneuriale. Tous ces experts m’ont construit un équilibre essentiel dans ma gestion. Ils disent souvent avec humour : “Didier ose, moi je dose.” Ces regards extérieurs sont bien plus qu’un simple appui technique. Ils m’ont donné une vision globale, du recul et un enrichissement inestimable à l’entreprise. »