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La procédure amiable nous a fait rebondir

Nicolas Roussel, directeur général et cofondateur de Koboo, une société spécialisée dans la gestion de flottes de vélos pour les
collectivités et les entreprises, fait partie de ceux qui ont su rebondir face à l’adversité. Malgré les difficultés financières rencontrées
par son entreprise, l’entrepreneur auvergnat a su relancer son activité en se présentant suffisamment tôt au tribunal de commerce
de Clermont-Ferrand. Zoom sur cette étape cruciale de sa carrière, marquée par la résilience et la détermination.

Comment débute l’histoire de Koboo ?

« Nous avons lancé notre entreprise en 2018 avec mes deux associés pour commercialiser des bornes de verrouillage de vélos. Dès le début, nous avons levé près de 500 000 euros auprès d’investisseurs, décrochant rapidement des contrats. L’arrivée du Covid a ensuite paralysé les marchés publics pendant de longs mois. Malgré cela, nous avons maintenu notre organisation, espérant une reprise rapide. En parallèle, nous avions
massivement investi dans un projet qui a été annulé à la dernière minute alors que nous avions dégagé des fonds et embauché des personnes pour cette mission. En 2021, notre trésorerie était sous pression avec un produit encore en phase d’industrialisation, une équipe trop nombreuse et des espoirs déçus dans des marchés non aboutis.

Quelles solutions avez-vous trouvées ?

Comme beaucoup d’entrepreneurs, nous avons d’abord cherché des solutions en interne. Entre 2021 et 2022, nous avons dû nous séparer de trois collaborateurs et maintenir l’activité partielle durant l’hiver. Nous avons ensuite repensé notre modèle économique, ce qui a marqué un tournant décisif pour l’entreprise. Réorienter notre activité vers l’exploitation de services de vélos, délaissant la fourniture de bornes de verrouillage, a
relancé notre dynamique commerciale, nous permettant de décrocher plusieurs marchés en France. Bien que n’a pas suffi à rétablir notre trésorerie, nous poussant à solliciter les conseils de notre expert-comptable.

Que vous a-t-il dit ?

Avec le commissaire aux comptes, il nous a conseillé de rencontrer un administrateur judiciaire en nous présentant au tribunal de commerce. Ce dernier a pris le temps de nous expliquer les différentes solutions existantes, dans un cadre de prévention. Je ne connaissais pas du tout ces formalités, les éléments de prévention, les différents statuts d’une entreprise… Cela a abouti à une procédure de mandat ad hoc dont les négociations se sont terminées en septembre dernier. Entretemps, le tribunal avait gelé le paiement de nos dettes. Au terme des négociations, où nous avons justifié d’un bilan à l’équilibre, nous avons obtenu 18 mois d’arrêt du paiement des échéances de prêt, ainsi que la restructuration
du prêt à l’issue du moratoire, avec un rallongement de 18 mois supplémentaires. Ce sont des conditions optimales !

Quelle est votre situation aujourd’hui ? Quel est votre regard sur cette épisode ?

Cette année, nous envisageons une croissance de 20 % à 30 %, pour une équipe d’une dizaine de personnes. Nous avons su rebondir rapidement, reprendre les paiements des salaires et embaucher à nouveau. Le retournement de situation a été rapide, mais nous devons encore rester prudents. Notre trésorerie reste limitée pour le moment. Nous commençons à sortir la tête de l’eau, mais il reste encore beaucoup de travail
à accomplir.


Dans cette démarche, le duo expert-comptable et commissaire aux comptes a joué un rôle crucial. Ils nous ont toujours mis en garde face aux difficultés liées à la trésorerie et à notre capacité limitée à lever des fonds. Le président du tribunal de commerce a également été d’une grande aide. Sa rigueur nous a obligés à respecter les exigences procédurales et nous a soutenus tout au long du processus. Nos banquiers, en nous accordant leur confiance, ont aussi contribué à notre réussite. Grâce à l’aide de ces acteurs, nous avons pu démontrer une réelle détermination à redresser la situation et à convaincre nos partenaires financiers de la viabilité de notre projet. »