Élu nouveau président de la CPME du Rhône, Franck Morize prendra ses fonctions le 1er juillet.
Quel regard portez-vous sur le métier d’expert-comptable et quel rapport entretenez-vous avec la profession ?
Pour les dirigeants de TPE – PME, l’expert-comptable est un interlocuteur précieux. Il est le confident du chef d’entreprise ; celui qui déchiffre la complexité des normes, règles et mesures. Avec l’Ordre régional des experts-comptables, nous avons épousé la même cause : celle d’accompagner nos héros, nos petits patrons, dans cette complexité. Les experts-comptables amènent un regard extérieur, qui est extrêmement important. Nous avons des relations privilégiées avec eux, car ne l’oublions pas, eux aussi sont de véritables entrepreneurs. Ils sont d’ailleurs nombreux à adhérer à notre organisation, confrontés à la réalité quotidienne de l’entrepreneuriat ou de l’interdisciplinarité.
Vous êtes le nouveau président de la CPME du Rhône, après avoir longtemps occupé la fonction de secrétaire général. Comment envisagez-vous ce nouveau rôle ?
Très simplement, en honorant mes engagements. J’ai débuté jeune en tant que secrétaire général, aux côtés de François Turcas. Après avoir côtoyé ces chefs d’entreprise pendant 25 ans, je n’avais qu’une envie : faire comme eux. J’aspirais à cette liberté qu’ils incarnent, mais aussi à ce sens des responsabilités absolument remarquable. Il me fallait investir une partie de mes économies pour vivre cette aventure entrepreneuriale (NDLR : avec son épouse Florence, Franck Morize a repris la laiterie du mont Aiguille à Clelles, en Isère). C’est pourquoi j’avais choisi en fin d’année de quitter la CPME du Rhône. Le sens des responsabilités aidant, nous avons décidé avec François Turcas que nous ne pouvions pas partir en même temps. J’ai donc accepté la proposition de lui succéder à la présidence.
Que souhaitez-vous faire en tant que président ?
Ce que je pense faire de mieux, à savoir de la politique au sens noble du terme, pour porter la voix des petits patrons qui ne doivent plus être considérés, selon moi, comme de grandes entreprises en modèle réduit. C’est-à-dire des entreprises assujetties aux mêmes réglementations / législations que les grands groupes. C’est un sujet majeur. Les TPE – PME représentent aujourd’hui 98 % du tissu des entrepreneurs.
Je travaillerai de façon collégiale car j’ai la chance d’être entouré de trois vice-présidents talentueux (NDLR : Gaëtan de Sainte-Marie, Philippe Bossanne et Vincent Girma) pour accompagner nos entreprises dans les transitions environnementales, digitales et sociétales.
Votre parcours vous a conduit des bancs de Sciences-Po à l’agriculture. Qu’avez-vous appris de toutes ces années ?
Je sais d’où je viens : avant tout un fils de paysan, conscient du quotidien et de la détresse des agriculteurs. À mes yeux, ils représentent, eux aussi, des héros courageux, déterminés et passionnés. À mon tour, je voulais apporter ma petite pierre, valoriser ceux qui aménagent notre territoire et nourrissent nos enfants. La laiterie reprise avec ma femme Florence – qui travaillait auparavant dans le secteur des assurances – collecte les laits d’une quinzaine d’exploitations dans le Vercors, leur permettant ainsi de maintenir leur activité. Cette nouvelle aventure est donc assez cohérente avec mon histoire entrepreneuriale et ma formation politique. Par ailleurs, j’ai une grande soif d’apprendre, avec la volonté farouche de m’engager
aux côtés des entrepreneurs et agriculteurs. Voilà pourquoi je me lève à l’heure du laitier chaque jour.
Pour les TPE et PME, quels sont les enjeux à venir ?
Pour les petites boîtes – et ce n’est évidemment jamais péjoratif dans ma bouche – l’enjeu demain consistera à être de plus en plus agile. L’agilité, c’est leur force pour affronter les incertitudes et les défis du quotidien. Elles devront également être les actrices des transitions. Ce n’est désormais plus une option : elles joueront un rôle primordial dans la réinvention de nouveaux modèles économiques ; plus humains et plus respectueux de notre planète.