Initiée par le Conseil national de l’Ordre et cofinancée par BPI France, une formation d’envergure sur la facture électronique a été lancée. Son but : sensibiliser les experts‑comptables et leur donner les outils nécessaires pour qu’ils puissent les faire intégrer dans les entreprises. Explications avec Gilles Claus, président de la commission formation professionnelle à l’Ordre Auvergne-Rhône-Alpes.
Pourquoi lancer une formation sur la facture électronique ?
« Ce processus de formation est le début concret et massif de la révolution numérique. À échéance 2024, toutes les entreprises devront être capables de recevoir et de traiter des factures électroniques (au format facture FX) de la part d’un fournisseur. Elles devront ensuite être capables d’en émettre en 2026. »
Quels sont ses temps forts ?
« Nous proposons d’abord à nos confrères une formation à la facture électronique et à ses enjeux réglementaires. Les experts-comptables ainsi formés deviennent référents pour présenter le schéma de facturation électronique et présenter les outils aux entreprises. Ces formations ont été déclinées par toutes les régions donc par l’IFAURA en Auvergne-Rhône-Alpes. En pratique, ces interventions sont en partie financées par BPI. »
Quels sont les véritables enjeux économiques de ce passage à la facture électronique ?
« Digitalisation mais aussi exploitation de la data, cette révolution ne se résume pas à faire du sans papier. Notamment, quand tout sera en place, l’administration fiscale disposera des factures, clients et fournisseurs de toutes les entreprises qu’elle pourra croiser avec le FEC (fichier d’écriture comptable). Elle pourra ainsi calculer la TVA et prélever les sommes nécessaires. D’ici 2028, elle souhaite supprimer les déclarations de TVA. Bercy réfléchit même à la possibilité, à terme, de supprimer les déclarations fiscales de résultats des entreprises. C’est une évolution considérable qui touche particulièrement les experts-comptables. »
Et pour la profession ?
« Aujourd’hui, beaucoup de cabinets font l’essentiel de leur chiffre d’affaires sur la tenue des écritures comptables. Toute cette partie va finir par disparaître. Nous allons de plus en plus devenir des gestionnaires de flux et de données comptables pour les sécuriser et en tirer des conseils et des orientations. Nous devons dès aujourd’hui anticiper et réfléchir à l’évolution de notre modèle économique. C’est un enjeu vital pour notre profession. »