Interview avec Ludivine SAPIN, Administrateur Judiciaire
Quel est votre rôle dans le processus d’aide aux entreprises en difficulté ?
« S’agissant des procédures amiables, mandat ad hoc et conciliation, notre mission est de résoudre, de manière ponctuelle et ciblée, les difficultés de l’entreprise et lui permettre de poursuivre son activité de manière pérenne. Qu’il s’agisse de renégocier la dette bancaire, échelonner les dettes fiscales et sociales, transiger avec les organismes financiers, nous agissons principalement sur des aspects financiers. Sur ce type de missions confidentielles, nous sommes généralement saisis par le chef d’entreprise et son conseil (experts-comptables ou avocats) pour un premier rendez-vous informel, qui permettra d’établir un premier diagnostic et d’orienter le chef d’entreprise vers la procédure la plus adaptée ; à charge pour ce dernier de saisir le président du tribunal de commerce et de confirmer auprès de lui sa volonté de solliciter l’ouverture d’une procédure préventive confidentielle. Au-delà, des difficultés plus profondes justifiant une restructuration et une réorganisation de l’entreprise nécessitent souvent l’ouverture d’une procédure collective telle que la sauvegarde ou le redressement judiciaire. »
Quelles sont les répercussions de la crise sur les entreprises ?
« Nous sommes entre 40 % et 50 % de baisse sur les procédures collectives (sauvegarde et redressement judiciaire) et entre 10 % et 20 % de baisse sur les procédures amiables selon les juridictions. On constate un certain attentisme des entreprises qui veulent voir comment va se comporter le marché pour envisager de renégocier la dette qui s’est constituée pendant cette période de crise sanitaire. Un retour à une situation normale va logiquement faire remonter le nombre de défaillances puisque aujourd’hui même les entreprises qui étaient en difficulté avant la crise sanitaire ont pu maintenir leur activité grâce aux aides d’État. La dette accumulée, une activité incertaine, des résultats impactés à la baisse puis le remboursement des PGE au printemps 2022, devraient entraîner des sollicitations plus fréquentes des chefs d’entreprises pour les aider à moratorier cette dette sur la durée. »
Quels sont les critères étudiés pour mettre en place une procédure amiable ou judiciaire ?
« Les indicateurs financiers et notamment le montant de la dette, les résultats passés et prévisionnels, les budgets de trésorerie à court et moyen termes ou encore le besoin éventuel de restructuration de l’entreprise selon les domaines d’activité, font partie des critères les plus étudiés. »